Criar um Site Grátis Fantástico
La Strada voir ce complet film bonne qualite

Résumé et Critique

Gelsomina, une femme enfant naïve et gйnйreuse, a йtй vendue par sa mиre а un hercule de foire brutal et obtus, Zampano, qui accomplit un numйro de briseur de chaînes sur les places publiques. A bord d'un йtrange йquipage, une moto а trois roues amйnagйe en roulotte sans confort, le couple sillonne les routes d'Italie, menant la rude et triste vie des forains. Zampano ne cesse de rudoyer sa compagne et de la tromper sans vergogne. Elle йprouve cependant un certain attachement pour lui et s'efforce de lui plaire avec une touchante obstination.

Surgit un autre saltimbanque, un violoniste-poиte-philosophe-farceur. Il Matto ("Le Fou"). Il agace а plaisir le pauvre Zampano et raconte а Gelsomina de trиs belles et trиs йdifiantes histoires sous forme de paraboles. Exaspйrй, Zampano finit un jour par le tuer. Le temps passe. Gelsomina, prostrйe, ne peut se consoler de la mort du "Fou". Zampano l'abandonne sur la route. Des annйes plus tard, il apprend qu'elle est morte. Alors, pour la premiиre fois de sa vie, il pleure.

La Strada possиde toutes les caractйristiques du mйlodrame (musique, effets, personnages pathйtiques ou monstrueux), mais il est bien plus qu'un simple mйlodrame. Le personnage de Gelsominela, par le regard qu'il jette sur la vie, est porteur d'une telle force d'amour, d'une telle capacitй а transformer une existence mйdiocre en apothйose qu'on se dit que derriиre toute vie, mкme absurde, pourrait bien se cacher un sens, un absolu. Ce film, profondйment spiritualiste, appartient pleinement au nйorйalisme, mais il rйsonne dйjа de cette musique inimitable, celle d'un cirque infiniment nostalgique qui deviendra, avec "La Dolce Vita", le leitmotiv de l'un des plus grands crйateurs d'univers du monde

Un sacrifice (la mort de Gelsomina), un meurtre (celui du Fou) qui suit une profanation (le vol au couvent), une rйdemption (celle de Zampano au dernier plan), La Strada semble un chemin de croix pavй de significations religieuses. A chacune de ces " stations " emblйmatiques, Fellini donne cependant une dimension qui dйjoue la fable chrйtienne dogmatique et lourde de sens. Ainsi, la mort de Gelsomina n'est pas montrйe et disparaоt dans une ellipse du rйcit. La scиne oщ Zampano apprend cette mort en renforce le caractиre fantomatique. une jeune femme raconte ce que furent les derniers jours de Gelsomina, en suspendant des draps qui deviennent а la fois comme des йcrans sur lesquels Zampano peut projeter les images de ce qui lui est rйvйlй, et comme un labyrinthe oщ la vйritй se perd. Cette scиne dont la logique est affaire de regard, est purement cinйmatographique.

Le vol au couvent, dramatisй par les effets visuels et sonores qui suggиrent l'orage, devient de mкme une scиne spectaculaire, а la frontiиre du cinйma d'effroi. Quant а la mort du Fou, elle est marquйe par un sentiment de fatalitй non pas spiritualiste, mais matйrialiste. le Fou comprend que l'heure de sa mort est arrivйe en voyant que sa montre a йtй cassйe dans sa lutte avec Zampano. Enfin, Fellini montre d'abord l'errance finale de Zampano comme celle d'un ivrogne dйsespйrй, et la mer a dans cette scиne une valeur sentimentale et romanesque avant tout (elle йvoque Gelsomina, qui l'aimait). C'est donc au plus prиs de ses personnages que se tient Fellini, au cњur d'une condition humaine dont ils ne peuvent nommer ce qui la transcende. Fellini n'exclut pas que ce soit l'amour chrйtien, mais, ce qui est presque rйvolutionnaire dans l'Italie de 1955, il filme la rudesse, la maladresse et la vйritй de l'amour tout court. Ce qui fait de La Strada un film plus humaniste que chrйtien.

La Strada est une њuvre qui suppose de la part de son auteur, en plus du gйnie d'expression, une parfaite connaissance de certains problиmes spirituels et une rйflexion sur eux. Ce film traite en effet du sacrй, je ne dis pas du religieux ni de la religion. Je parle de ce besoin primitif et spйcifique а l'homme qui nous pousse au dйpassement, а l'activitй mйtaphysique, tant sous la forme religieuse que maintenant sous la forme artistique, besoin aussi fondamental que celui de durer. Il semble que Federico Fellini sache parfaitement que cet instinct est а la source des religions comme de l'art. Il nous le montre а l'йtat pur dans Gelsomina.

Fellini et ses trois interprиtes rйussissent а nous dйcrire tant charnellement que mentalement et par le moyen de l'image, l'histoire servant а un tout autre but, des personnages mythiques et vrais. Ces trois hйros vivent d'une vie esthйtique parfaite. Ils nous arrachent cette йmotion grвce а laquelle un personnage de lumiиre ou de papier prend pour une seconde une fulgurante rйalitй et demeure en nous.

Ces sйquences cйlиbres sont inoubliables: Gelsomina vendue par sa mиre; les trajets sur les routes sur un lamentable triporteur roulotte ; la noce champкtre et la visite d'un enfant malade et reclus ; la rencontre de Gelsomina avec l'йquilibriste, puis avec une religieuse dans un couvent; la bataille de Zampano avec Il Matto qui regarde sa montre brisйe et tombe mort ; Zampano qui apprend la mort de Gelsomina, regarde le ciel et pleure sur la plage.

Film vivement attaquй par la critique de gauche, en Italie, pour avoir perverti et trahit le nйorйalisme. Il n'est pas douteux qu'Il matto (Le fou), sorte d'archange volant sur une corde raide, dйveloppe une parabole chrйtienne, quand il explique а Gelsomina: "si je savais а quoi sert ce caillou, je serai le bon Dieu qui sait tout. quand tu nais ; quand tu meurs aussi. Ce caillou sert sыrement а quelque chose. S'il est inutile tout le reste est inutile, mкme les йtoiles. Et toi aussi, tu sers а quelque chose avec ta tкte d'artichaut". Mais ce thиme est loin d'кtre le principal dans un film complexe, et avec le recul cette critique de la gauche italienne йtait bien injuste. Le film йtait d'abord une critique de la condition fйminine, de la femme objet aussi passive qu'un caillou, tout juste crййe pour faire l'amour et la cuisine.(Famille de Gelsomina dont le pиre est parti, obligeant la mиre а vendre ses filles).

Enfin on peut affirmer que La Strada est un film de personnages, mis en scиne avec la sensibilitй d'un portraitiste. Gelsomina, Zampano et le Fou accиdent, par leur expressivitй, au rang de symboles. Leur simple confrontation fait naоtre une tension dramatique et tient lieu de scйnario dans ce film dont la narration suit librement la route (la " strada "), а la maniиre d'un road-movie.

Gelsomina est la sensibilitй incarnйe. Une sensibilitй qui ne semble avoir aucune limite. pour les кtres humains, bons (le Fou, la jeune religieuse) ou mauvais (Zampano), pour les animaux (les insectes qui l'йmerveillent au bord du chemin), pour les paysages (la mer) et pour l'art (la musique, les numйros de cirque). Cette sensibilitй qui l'ouvre au monde, l'expose aussi, sans dйfense, а ses tourments.

Le Fou est un personnage angйlique, aйrien, cet йquilibriste reconnaоt en Gelsomina (que les autres croient folle) une вme sњur. Plus maоtre qu'elle du langage et de la pensйe, il est conscient d'кtre exposй а la mort, qui le prendra pourtant par surprise. le Fou restera ainsi l'image de l'innocence.

Zampano est d'une lourdeur bestiale, et coupable de meurtre (opposй au Fou), Zampano est dйfini nйgativement. Mais c'est sur lui que Fellini fait reposer le principal enjeu de La Strada. le triomphe final de la bontй, le retour а la sensibilitй, peut-кtre а l'innocence.

Distribution

  • Giulietta Masina. Gelsomina
  • Anthony Quinn. Zampano
  • Richard Basehart. Il Matto
  • Aldo Silvani. Mr Giraffe
  • Marcella Rovena. La veuve
  • Lidia Venturini. La soeur
  • Gustavo Giorgi
  • Yami Kamadeva
  • Mario Passante
  • Anna Primula

Fiche technique

  • Titre original. La Strada
  • Titre français (peu utilisé): Le grand Chemin
  • Rйalisateur. Federico Fellini
  • Scйnario. Federico Fellini, Tullio Pinelli et Ennio Flaiano
  • Photographie. Otello Martelli
  • Dйcors. Ravasco
  • Musique originale. Nino Rota
  • Production. Carlo Ponti, Dino De Laurentiis
  • Durйe. 115 min
  • Noir et blanc
  • Dates de sortie: 6 septembre 1954 (Venise), mars 1955 (France), 1956 (USA)
  • Rйcompenses. Lion d'argent Venise 1954
    Oscar du meilleur film étranger pour 1956